ICE-RBI et histoire cochonne
Il y a quelques années de ça, au hasard d’une discussion, j’en suis venu, pour expliciter mon propos, à raconter une histoire cochonne. Depuis, convaincu de sa pertinence, je veux la coucher par écrit. Elle m’obsède. Mais avant d’y venir, parlons ICE-RBI.
Le 25 septembre 2020, un collectif a lancé une Initiative Citoyenne Européenne (ICE) pour le Revenu de Base Inconditionnel (RBI), début d’une campagne d’un an à travers toute l’Union pour récolter un million de signatures de soutien.
Le Revenu de Base est défini par le MFRB1 comme « un droit inaliénable, inconditionnel, cumulable avec d’autres revenus, distribué par une communauté politique à tous ses membres, de la naissance à la mort, sur base individuelle, sans contrôle des ressources ni exigence de contrepartie, dont le montant et le financement sont ajustés démocratiquement. » Parmi ses promoteurs, différents courants ont leur propre dénomination : revenu universel, revenu d’existence, allocation universelle, revenu citoyen, dividende universel, etc.
Le courant auquel je participe utilise le terme « Dividende Universel » (DU), et s’en tient à une approche monétaire, sa principale préoccupation étant de démocratiser la création monétaire.
La crise du covid-19 l’a bien montré : d’une signature, quelques individus ont le pouvoir d’injecter des milliards d’euros. Tout ceci prend la forme de dettes qu’il faudra rembourser avec intérêt. La Banque de France l’explique clairement « Ce sont les banques commerciales qui créent la majeure partie de la monnaie, principalement par le crédit ; le rôle de la Banque Centrale est d’assurer la stabilité de ce système et la confiance accordée à la monnaie. »2 Plus on est proche de la planche à billets, plus on peut faire supporter le poids de la dette sur ceux qui sont plus éloignés. Ce mode de fonctionnement est un terrible aiguillon qui banalise la phrase « Je dois le faire – si je ne le fais pas, d’autres le feront. » Il pousse à aller toujours plus loin dans la détresse, la privation, la douleur.
Mettre en circulation une monnaie d’une façon si déséquilibrée, si malsaine, est-ce une fatalité ? Nous pensons que non : il suffit que la planche à billets tourne régulièrement et à destination de tous. Telle est l’essence du Dividende Universel. Et la désincitation au travail ? Et la fièvre consumériste irresponsable et désastreuse pour la planète ? Ces épouvantails ont été constamment réfutés par les nombreuses expérimentations3 de Revenu de Base réalisées aux quatre coins du monde ces cinquante dernières années.
Pour faire du Revenu de Base une réalité, le plus efficace est sans doute de participer à l’une des rares crypto-monnaies4 construites sur un Dividende Universel. Pour autant, cette ICE n’est pas à négliger : elle est l’occasion de se compter, d’apprécier nos forces, encouragement précieux autant pour les militants que pour ceux qui découvrent le sujet. Merci de signer et de faire connaitre cette ICE :
Bon, voici enfin venu le moment de l’histoire cochonne…
En classe de CM1, nous avions un pensionnaire bien particulier : un lapin. Nous sommes aussi partis en classe de nature, un genre de séjour à la campagne à visée pédagogique. Nous avions dû monter à cheval, j’étais terrifié. Nous avons surtout dû visiter une porcherie. Je n’ai pas le souvenir d’avoir vu de cochons, juste d’un endroit sombre, d’une puanteur étouffante, et d’un sentiment de honte.
La visite était probablement accompagnée d’explications, je n’en ai pas le souvenir. Les détails les plus sordides ont sans doute été omis. Par exemple, vu la concentration dans de petits espaces, la queue des cochons est coupée à titre préventif, pour qu’ils ne se la mâchouillent pas les uns les autres.
N’ayant jamais connu qu’un milieu les poussant à toutes les extrémités, accepteraient-ils d’être libérés ? Peut-être redouteraient-ils qu’il n’y ait plus personne pour leur couper préventivement la queue ? Peut-être qu’ils s’enfermeraient dans cette histoire qui se mord la queue ? Il faut espérer que la majorité préfèrerait goûter la liberté, guidée par la foi en la valeur de l’espèce porcine.